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Plaie B​é​ante

by Yass Sogo

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Préface 03:47
Cher auditeur te voici au seuil de ce bâtiment Tu y découvriras des joies, des peines, beaucoup de châtiments Car l'homme moderne ne connaît qu'ivresse et désillusion Pour retranscrire cela, j'utilise le rap mon institution Avec condescendance, on nous prend pour des cons sans dent Depuis que la vertu se mesure à l'ampleur du compte en banque On est consentant à notre propre servitude Les tâtonnements de mon esprit demeurent ma seule certitude Ne sois pas surpris si ce texte titube Parce que la mélancolie est la seule émotion que je restitue Pour tout faire capoter, ils veulent nos projets saboter En remplissant leur réservoir ils cherchent l'essence de la beauté La providence sans doute un jour elle nous fera signe on s'efforce de tuer le temps pour ne pas voir que l'horloge nous assassine Effroyable dédale, c'est la course à la médaille La route tourne et je ne dois pas perdre les pédales Mon stylo étale ses larmes convulsives car l'encre demeure le seul matériau qui me sert de combustible A ce qu'on me fustige, je suis réticent Mais mon dos semble appétissant Car on parle de moi depuis mes dix La punchline on m'a dit que c'était la base donc je recherche la goutte d'eau qui feraient déborder la phase Je ne sais faire que chanter depuis que la musique m'a tenté Je vous offre des bouquets de fleur tu comprends que je n'ai pas peur de me planter Bien élevé par les valeurs de la madre On est bronzé, y a pas photo, donc ils ne peuvent pas nous encadrer Dois-je vouer un culte à un état qui assassine ? Mon arbre s'épanouira-t-il si on le prive de ses racines ? Doit-on clamer notre innocence avec une telle constance ? On perd pas le nord, c'est juste une question de bon sens Je recherche ce trésor comme une nécessité le désir est aveugle dans un cœur souffrant de cécité Donc j'ai décidé d'être libre et tout faire Pour préserver mes yeux et mon jardins grands ouverts Mon cœur a trop souffert, entends-tu ces longs sanglots ? J'en prends de la graine depuis que je me nourris à Monsanto C'est la modernité, vos valeurs on s'en fiche Pas étonnant qu'à l'heure du bluetooth ceux qui se rencontrent s'enfilent Un texte sensible et pas celle de leur tir à l'arc Car ici bas les hommes sont frères et se dévorent comme des pyranans Certaines personnes peuplent les hôpitaux et les prisons Car on leur a pas mis de livre dans leur main de nourrissons J'observe un horizon où la mort est lucrative ma seule raison d'être reste mon arme de séduction massive La punchline on m'a dit que c'était la base donc je recherche la goutte d'eau qui feraient déborder la phase Je te destine ces mots conformes à ma nature Hypocrite auditeur, mon semblable, mon gars sûr
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Bâtiment 03:00
3.
C’est un grand bâtiment recouvert d’une blanche céramique / Où déambulent entre les rayons des charriots métalliques. Endroit pratique, où tout est fait pour la commodité / Des clients venus dépenser avec méticulosité. L’ingéniosité, / C’est que les consommateurs ont tout à portée de main sans avoir besoin de transiter. Le boulanger, le poissonnier sont au même endroit, / Donc tout le monde trouve le service adéquat. Certains des produits frais viennent acheter, / D’autres attendent le 6 du mois pour se procurer d’l’alcool bon marché. Le client est aliéné et frise l’anesthésie, / Les marques se disputent les emplac’ments stratégiques. Les articles sont à leur place, tout est bien rangé, / Le personnel est docile et ne doit pas déroger. Campagne publicitaire humaine et sanitaire, / Le gaspillage alimentaire est produit par des critères monétaires. D’ailleurs, Mélanie travaille pour cette enseigne / Et son boulot s’apparente à un travail à la chaîne. Des tâches répétitives, elle effectue à la caisse, / Et elle est bien obligée si elle ne veut pas finir à la dèche. Dans son esprit elle fait le point et elle récapitule / Elle change pas d’attitude, même si réduite à un matricule. Elle a des nerfs d’acier, elle ne va rien lâcher, / Toute la journée enfermée dans un supermarché. Toute la journée enfermée dans un supermarché. Toute la journée enfermée dans un supermarché Elle fait face aux assauts répétés de sa clientèle / Et à leur mine ingrate car décidément ils s’y entêtent. Devant leur impertinence et leurs soupirs, / Le règlement lui intime de garder le sourire. Comptabiliser les éléments, recevoir les pai’ments / Et, vraiment, faire tout cela de façon clémente ! Elle voudrait que cette affluence s’estompe, / Mais déjà de loin les clients cherchent la file la moins longue. Alors habitée par une peine cosmique, / Elle travaille pour un groupe leader qui la paye qu’au SMIC, Se sacrifie jusqu’à quinze heures par jour pour ce grand empire / Et, le soir dans ses pires cauch’mar, elle entend bip. La souffrance est son véritable rite, / Chronométrée, on lui reproche quand ça n’va pas assez vite. Des caméras scrutent ses moindres faits et gestes, / Alors le soir elle n’a plus d’goût et ses repas sont indigestes. Loin d’une vie céleste, parfois elle pense capituler. / Au cœur de cette machine, elle n’un qu’un membre articulé. Acculée, elle se crée des rêves factices / Et se rit de ce client venu acheter des préservatifs. Dans son esprit elle fait le point et elle récapitule / Elle change pas d’attitude, Même si réduite à un matricule. Elle a des nerfs d’acier, elle ne va rien lâcher, / Toute la journée enfermée dans un supermarché. Toute la journée enfermée dans un supermarché. Toute la journée enfermée dans un supermarché. Mais un beau jour, des circonstances insolites / Et le hasard de la vie lui font connaître une rencontre fortuite. Sa caisse est fermée mais un client arrive : / « Désolée, c’est fermé », dit-elle d’une vois impassible. L’inconnu s’obstine, insiste pour se faire servir : / « Le client est roi, madame, je n’vais pas déguerpir ». Résignée, elle accepte tout de même. / Après tout, ce n’est pas la première fois qu’elle a affaire à ce phénomène. « Bonjour madame, je suis un peu décontenancé, / J’ai longtemps hésité à vous aborder mais j’vais me lancer. Ça fait plusieurs semaines que je vous dévisage. / Pour vous observer en secret, je me noie dans ce paysage. Dites-le-moi si mon discours vous indispose !/ Que diriez-vous d’aller un soir boire un verre ou autre chose ? » Un sourire embarrassé lui vint aux lèvres / Et elle peupla aussitôt son esprit d’admirables rêves. Dans cette situation, touchée par cette déclaration, / Elle accepte, pendant que l’homme retient sa respiration / Et lui déclare en l’observant avec des yeux friands : / « Acceptez-vous madame que je devienne votre dernier client ? Refrain 2 : Dans son esprit elle fait le point et elle récapitule / Elle change pas d’attitude, même si réduite à un matricule. Avec ses nerfs d’acier, elle n’a rien lâché / Et désormais sa vie est liée à ce super marché / Et désormais sa vie est liée à ce super marché/ Et désormais sa vie est liée à ce supermarché.
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Grand éditorialiste, J’apaise les passions que les autres attisent, Je suis garant d’un monde ancien et d’un espace démocratique. Je traite l’information quotidienne. Ne vous laissez pas endoctriner, je vous dévoile la version officielle. Pour que vous passiez votre temps à dépenser, Ne vous fatiguez pas, nous vous dictons ce que vous devez penser. Nous forgeons un imaginaire collectif Mais nous restons bienveillants, notre ambition est d’abord protectrice. Entre haute estime Modestie Et mot d’esprit J’écris le quotidien pour que vos plaies se cautérisent. Devoir de vérité, qu’on me pende si je mens. Je reste impartial et choisis mes mots méticuleusement. Mais attention je ne dois pas commettre d’imprudence Car, en effet, à tous les niveaux j’exerce mes influences. Donc j’invite régulièrement dans ce contexte Quelques spécialistes pour vulgariser ce monde complexe, Quelques savants qui nous expliquent pêle-mêle Que ce monde est trop complexe pour que la plèbe comprenne par elle-même. Les économistes affirment que, pour être honnête, Nous devons faire des concessions pour éloigner le danger de la dette. Expert en communication, je fais vivre l’information Pour des téléspectateurs toujours friands de sensations. Canal de vérité, support de la médiocrité, Je filme les désespérés au coeur de la réalité. Instantanéité sous un voile de baratin, Et je touche des patates depuis que je côtoie tous le gratin. REFRAIN J’écris tous les jours, tous les jours, Passe mes week-ends en Costa Brava Et je ne cesse d’afficher ma subjectivité avec mon costard cravate. Je fais les réponses et les questions pour qu’ici nous restions Les seuls qui connaissions la liberté d’expression. J’écris tous les jours, tous les jours, Passe mes week-ends en Costa Brava Et je ne cesse d’afficher ma subjectivité avec mon costard cravate. Je fais les réponses et les questions pour qu’ici nous restions Les seuls qui connaissions la liberté d’expression. Depuis mon investiture, pour ne pas qu’on me destitue, Je sers les intérêts cupides de la main qui me rétribue. Depuis mon investiture, pour ne pas qu’on me destitue, Je sers les intérêts cupides de la main qui me rétribue. Depuis mon investiture, pour ne pas qu’on me destitue, Je sers les intérêts cupides de la main qui me rétribue. Depuis mon investiture, pour ne pas qu’on me destitue, Je sers les intérêts cupides de la main qui me rétribue. Entre félicitations des pairs, préméditation c’est clair, Précipitation sévère, pas de vérification des faits. Mes limitations désertent quand j’élimine l’action des faibles. Sollicitation des rêves: une belle imitation des règles. Pas de défauts dans mes interstices, la perfection est perceptible. La messe est dite: le réel mis en perspective. Ca nécessite une esthétique forgée depuis des décennies. Je crée le consensus afin que le débat soit guère sceptique. Pawwww ! J’ai de la poigne et du leadership Car j’agis comme le bras armé d’une oligarchie. J’écris des romans délétères pour commander les nerfs, Forger l’opinion publique et fomenter des guerres. Mes torrents, mes éclairs font la pluie et le beau temps. Avec mes mots on emporte le vent à l’OTAN. Donc autant dire je suis individualiste. Rançon d’une révolution capitale et capitaliste. Mes positions tranchées accentuent les clivages. J’excelle surtout à faire mentir les titres et les images. Grand gagnant de cette immense apartheid, J’ai acquis la mainmise et fais partie de ceux qui la gardèrent. Mon train de vie est coloré. J’ai pris le montagne d’assaut, rien à voir avec ceux qui un coup de bol auraient. L’information est notre bien commun. Par conséquent mon rôle est de me comporter comme un Grand éditorialiste. J’apaise les passions que les autre attisent Pour préserver mes privilèges dans cet espace démocratique. J’écris tous les jours, tous les jours, Passe mes week-ends en Costa Brava Et je ne cesse d’afficher ma subjectivité avec mon costard cravate. Je fais les réponses et les questions pour qu’ici nous restions Les seuls qui connaissions la liberté d’expression. J’écris tous les jours, tous les jours, Passe mes week-ends en Costa Brava Et je ne cesse d’afficher ma subjectivité avec mon costard cravate. Je fais les réponses et les questions pour qu’ici nous restions Les seuls qui connaissions la liberté d’expression. Depuis mon investiture, pour ne pas qu’on me destitue, Je sers les intérêts cupides de la main qui me rétribue. Depuis mon investiture, pour ne pas qu’on me destitue, Je sers les intérêts cupides de la main qui me rétribue. Depuis mon investiture, pour ne pas qu’on me destitue, Je sers les intérêts cupides de la main qui me rétribue. Depuis mon investiture, pour ne pas qu’on me destitue, Je sers les intérêts cupides de la main qui me rétribue.
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Le discours et la face élégante / J'fais partie de la caste des menteurs / Elémentaire, sans commentaire, j'bénéficie d'une charge parlementaire / Tous les gens me connaissent, issue d'une sorte de noblesse / J'ai bâti mon empire sur mes qualités relationnelles, ma sympathie, mes belles promesses / Elu par le peuple, les gens me plébiscitent / Je touvhe ma paye de député mais régulièr'ment absent de l'hémicycle / Autour de moi on s'agglutine, j'ai des avantages sublimes / Je suis au stade ultime d'une domination masculine/ Mes parents m'ont inculqué toutes les bonnes manières / Pendant mon enfance, j'ai la chance d'être né du bon côté de la barrière / Je fais partie des élus, et je vous le dis sans prélud / Le jour où on me verra dans une cellule c'est que sera tombé le déluge A voter pour moi les citoyens je prépare / Mon programme une fois élu, j'm'en fous je l'appliqu'rai pas. Si tu désires me faire tomber tu peux toujours allumer un cierge mec / Je fais partie d'une aristocratie dépourvue de casier judiciaire vierge J'évalue les risques, vos biens je confisque/ Liberté égalité au nom du père et du fisc/ Et malgré toutes mes condamnations, je fais partie simple constatation / Des personnes dirigeantes ainsi que des plus influentes de la nation J'évalue les risques, vos biens je confisque/ Liberté égalité au nom du père et du fisc/ Et malgré toutes mes condamnations, je fais partie simple constatation / Des personnes dirigeantes ainsi que des plus influentes de la nation Chaque situation est propre à me promouvoir / J'évoqiue le pouvoir de l'amour pour bien dissimuler mon amour du pouvoir/ Je demande aux citoyens de se serrer la ceinture, de s'insérer / Mais je suis soupçonné de fraude fiscale et de prise illégale d'intérêt / Simple paradoxe qui me constitue grave/ et qu'on stipule pas / Car je me paye une voiture ainsi qu'une maison de campagne auprès du contribuable Paternaliste, condescendant à l'égard des jeunes du 9-3/ J'prône les idéaux démocratiques par le biais du 49-3 Politicien standard, je brandis mon étendard / Je suis censé donner l'exemple mais je multiplie les mandats/ J'ai des relations avec les élites économiques et financières / Je fais semblant de les critiquer mais je préserve leur intérêt confidentiel / Etre sincère c'est hyper dur, mon intégrité se perturbe/ L'hypocrisie est un vice à la mode et tous les vices à la mode passent aisément pour des vertus/ Si tu désires me faire tomber tu peux toujours allumer un cierge mec / Je fais partie d'une aristocratie dépourvue de casier judiciaire vierge J'évalue les risques, vos biens je confisque/ Liberté égalité au nom du père et du fisc/ Et malgré toutes mes condamnations, je fais partie simple constatation / Des personnes dirigeantes ainsi que des plus influentes de la nation J'évalue les risques, vos biens je confisque/ Liberté égalité au nom du père et du fisc/ Et malgré toutes mes condamnations, je fais partie simple constatation / Des personnes dirigeantes ainsi que des plus influentes de la nation Mesdames et messieurs, au-delà des querelles politiques / Je souhaite réconcilier la droite, le gauche dans un élan démocratique/ Au nom du père et du fisc, au nom du père et du fisc Mesdames et messieurs, au delà des querelles politiques / Je souhaite réconcilier la droite, le gauche dans un élan démocratique/ Au nom du père et du fisc, au nom du père et du fisc
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Bon Vivant 03:16
Quitte à me mettre les gens à dos je viens vider mon sac L'horizon devient bleu-marine lorsque les souvenirs sont vagues Les gosses m'ont dit que l'avenir était très sombre J'ai de l'encre noire pour réveiller les esprits comme un expresso La dépression guette mes facultés psychiques J'ai le cafard et y a que le rap qui fasse office d'insecticide Un scepticisme à toute épreuve J'ai pas besoin de boire du trois rivières pour achever mes couplets fleuve Quand les pensées pures s'éteignent mon écriture s'égaye Le soir les punchs deviennent démiurge d'elles-mêmes Pardon si je ridiculise ta team Tous les jours je charbonne normal j'utilise ma mine J'articule mes phases en espérant que t'as cerné l'flow je suis ce type qui met un point d'honneur à ne pas dire son dernier mot C'est indécent comme un salaire qatarien Tellement le désert dans ma tête je fais aboutir ça à rien Prisonnier, la musique m'a menotté Elle est la cause de tous mes maux, je m'emploie à les connoter Contrairement à ceux qui gentiment jouent les grands di-ban j'y prends du plaisir et j'me tue comme un bon-vivant Prisonnier, la musique m'a menotté Elle est la cause de tous mes maux, je m'emploie à les connoter Contrairement à ceux qui gentiment jouent les grands di-ban j'y prends du plaisir et j'me tue comme un bon-vivant Comme comme comme comme un bon vivant .... Ce truc n'est pas à vendre pour quelques deniers je veux pas que vous me prêtiez attention, moi je veux que vous me la donniez Vous remarquerez mon absence dans cette immensité C'est lorsque la lumière s'éclipse qu'on en perçoit l'intensité Pendant qu'ils éradiquent les dissidents Mon art tétanise les dirigeants et dévalise la diligence J'ai le tempérament chaud comme le Vésuve Depuis que l'argent n'a pas d'odeur mais que l'amour reconnaît ses effluves Je poursuis dans ma branche en exploitant plein de sève Et relever ce truc en y mettant mon grain de seil Apostrophe et périphrase, acropole et té-6 fade Récit âpre au crom' à propos de nos territoires je remporte le round et p'tètre le match Ils me mettent des couteaux dans le dos, mes lombaires en guise de set de table Tu réfutes la liberté si t'es docile Les absents ont toujours tort excepté le jour du génocide Prisonnier, la musique m'a menotté Elle est la cause de tous mes maux, je m'emploie à les connoter Contrairement à ceux qui gentiment jouent les grands di-ban j'y prends du plaisir et j'me tue comme un bon-vivant Prisonnier, la musique m'a menotté Elle est la cause de tous mes maux, je m'emploie à les connoter Contrairement à ceux qui gentiment jouent les grands di-ban j'y prends du plaisir et j'me tue comme un bon-vivant Comme comme comme comme un bon vivant …
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Je m'appelle Muhamad et j'ai grandi en Syrie Dans une famille paisible aux revenus confortables, mes parents possèdent une imprimerie J'ai un petit frère qui s'appelle Khaled, et nous vivons tous les quatre à Alep Mais bon ça fait trois ans que la guerre a éclaté et nous crions : « à l'aide » L'espoir et l'amusement ont laissé place au cauchemar, à la crise des idées Rester ici au milieu du danger ou bien sauver ma vie, c'est mon triste dilemme Exaspéré, je traine dans les rue mais je déteste errer Ainsi pour trouver une solution je me suis emparé de la force des désespérés Au début j'ai fait preuve de crédulité, je pensais maintenir ma sécurité Mais il pleut des rafales d'obus, j'ai donc décidé de quitter ces rues si ternes Je cherche un moyen de m'enfuir afin d'échapper eu péril, c'est légitime Je rencontre un passeur qui pour 800 euros s'occupe de la traversée maritime Beaucoup de gens meurent noyés dans la Méditerranée je dois faire preuve de résistance Des enfants pleurent des parents naufragés, c'est la nuit la plus triste de mon existence L'instinct de survie reste inné, j'éprouve une angoisse que je ne peux estimer Le danger est insignifiant lorsque le hasard forge une destinée Je vivais paisiblement, je ne comprends plus les choses Victime d'un conflit terrible dont j'ignore les causes Je dois quitter mon pays, celui qui m'a vu grandir Et rejoindre l'Europe dans l'Espoir d'une vie tranquille Et je rame, et je rame, et je rame en espérant obtenir des papiers Et je rame, et je rame, et je rame, et je rame et je rame sur le chemin de la paix Et je rame, et je rame, et je rame en espérant obtenir des papiers Et je rame, et je rame, et je rame, et je rame et je rame, et je rame et je rame J'arrive en Italie, se mêlent dans ma tête la joie la peine et la colère Je dois retrouver mes esprits pour esquiver les barrages, les patrouilles de frontière La fatigue m'attaque parce qu'il faut s'en sortir avec le strict minimum Je poursuis mon bonhomme de chemin et pour ce faire j'effectue un chemin de bonhomme Sur le territoire français, contraint de demander la charité Un mois durant je fréquente la maladie, le froid, la faim, la précarité Et je rame et je rame et je rame, les gens nourrissent de la crainte à mon égard Et je rame et je rame et je rame, et pour dormir je squatte les gares Moi j'ai besoin que l'on m'aide mais les gens me regardent comme un épouvantail La nuit les souvenirs me hantent et je fais des cauchemars épouvantables Quelle misère ! Pour survivre je suis obligé de me battre sans cesse Je suis considéré comme un étranger qui menace la culture française A vous qui pensez que nous sommes un fléau néfaste qui vous envahit Nous sommes uniquement réfugiés de guerre engendrée par votre pays L'instinct de survie reste inné, j'éprouve une angoisse que je ne peux estimer Le danger est insignifiant lorsque le hasard forge une destinée Je vivais paisiblement, je ne comprends plus les choses Victime d'un conflit terrible dont j'ignore les causes Je dois quitter mon pays, celui qui m'a vu grandir Et rejoindre l'Europe dans l'Espoir d'une vie tranquille Et je rame, et je rame, et je rame en espérant obtenir des papiers Et je rame, et je rame, et je rame, et je rame et je rame sur le chemin de la paix Et je rame, et je rame, et je rame en espérant obtenir des papiers Et je rame, et je rame, et je rame, et je rame et je rame, et je rame et je rame Exaspéré, je traine dans les rue mais je déteste errer J'efface mes rêves, depuis que l'on me voit comme un pestiféré Et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame Et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame et je rame
10.
Le jour se lève, l'air est matinal Les rayons éclairent ce clocher imposant de façon machinale Entre les montagnes, les ruelles sont enclavées Et ostensiblement ornées de petits pavés M. René habite ce village nommé Cantaron Constamment vêtu d'in béret noir et d'un gilet marron Et quotidiennement il se livre aux mêmes habitudes Sa rage il articule, crache sur les gens et leurs attitudes Peut-être y avait-il dans sa physionomie De signes qui évoquaient toutes les blessures de sa vie Une grimace obscurcissait son visage Dont chaque partie évoquait le bouillonnement d'un paysage Ses joues tombantes et son front ridé Offraient à ce bonhomme l'aspect d'une surprenante témérité Des épaules larges, des mains épaisses et puissants Lui donnaient une image à la fois inquiétante et séduisante Des cernes sous un regard spontané Ses dents jaunâtres étaient affectées par le passage des années De minuscules taches recouvraient tout son faciès On ignore si ce visage nous adresse une caresse ou nous agresse. Il détestait la race humaine, il criait haut et fort et chacune de ses idées il les assumait Y compris celles qui ne faisaient pas consensus, constant sur ses positions, il refusait qu'on le censure Il répète à chaque instant qu'il n'a plus la méthode D'une société qui va trop vite, dont il ne comprend plus les codes Tout au 21 è siècle lui paraît excessif Il vit cette nouvelle époque avec un dépit perceptible Ses discours mêlaient humour et vulgarité Son mal de dos revenait avec une maudite régularité Et il sent bien que le regard des gens a changé Il n'est plus cet homme séduisant, à présent il doit se ranger Bonhomme obtus et fier comme un téméraire Chaque jour aux mêmes horaires, il effectuait le même itinéraire Il s'efforçait de traîner sa maigre carcasse Parcourant la distance qui le séparait du bar de la place un vieux bistrot fréquenté par des impertinents Surplombé d'un écriteau qui scintillait par intermittence On attendait l'arrivée de René comme une attraction Dans cet endroit triste dont il était la seule distraction Les clients y étaient tous habitués Et attendaient son arrivée matinale comme un rituel Là tous ensemble ils jouaient au loto Parlaient des côtes des chevaux Se racontaient les derniers ragots Il détestait la race humaine, il criait haut et fort et chacune de ses idées il les assumait Y compris celles qui ne faisaient pas consensus, constant sur ses positions, il refusait qu'on le censure Il répète à chaque instant qu'il n'a plus la méthode D'une société qui va trop vite, dont il ne comprend plus les codes Tout au 21 è siècle lui paraît excessif Il vit cette nouvelle époque avec un dépit perceptible Ensuite il achète son journal traditionnel Va s'asseoir sur un banc afin de jouir des rayons du soleil Il se perdait dans les recoins sombres de sa mémoire Se remémorant avec regret ses trophées et ses déboires Sa vie passée, il la chérissait comme un talisman depuis son entrée dans ce qu'on appelle processus du vieillissement Il repensait d'un air ému et ravi Au moment où il rencontra celle qui partagea sa vie Ils s'étaient aimés tout de suite avec enthousiasme Avaient mené une existence euphorique et pleine de fantasmes Mais elle était morte, c'était une certitude Qu'à présent il devrait affronter seul les affres de la solitude Parfois il voulait partir de façon précoce Car son existence ici bas était devenu un sacerdoce mais souvent lorsqu'il anticipe La mort, cette idée invisible, le remplissait d'une tristesse indicible Le soleil se couche, le paysage est triste, pâle Le ciel constellé répand ses morceaux de cristal René meurt sans personne pour le soutenir Et cet événement vient chasser de cet homme le souvenir Mais la faucheuse d'un accueil respectueux Elle lui sourit et l'enlace de ses bras affectueux Le lendemain, on court pour le réveiller Avec ravissement, quelqu'un se jette sur son oreiller C'était sa femme qui pleurait à chaudes larmes Il étaient enfin réunis dans le royaume de l'au-delà.
11.
Ke fa 03:30
12.
Alpha 03:14
13.
C’est un trou de ciment, une plateforme géante / Où quelques figures scintillent au soleil comme une plaie béante. Moi j’y vis depuis ma tendre naissance, / J’y ai connu des joies et des peines jusqu’à mon adolescence. J’y ai fait mes premiers pas dans un bac-à-sable, / Y ai étudié la langue de mes parents dans un madrassa. Ayant pris du recul, j’vais vous conter mon parcours, / Mes premiers souvenirs datent de l’époque où je courais partout. A 8 ans, je ne cesse de m’amuser. / Ici on batifole, même jusqu’à s’en épuiser. On varie les loisirs, avec plein de jeunes, / Et ce parvis immense constitue notre terrain de jeux. Le surplus de mon énergie, je le dépense/ Loin des nécessités, blotti entre les bras de l’Innocence. Les jours imprévisibles rivalisent d’intensité, / J’observe l’horizon avec une douce sérénité. Ici on joue quotidienn’ment au football, / On râle, mais on accepte tant bien que mal de faire notre tour au goal. Le but du jeu, c’est d’humilier son adversaire / ‘vec le ballon, mettre des petits ponts, entourés par quatre mecs secs. Sur le terrain, les sensations sont électriques / Et les passions sont frénétiques. On s’attribue des noms de mecs techniques. On s’excite, c’est peut-être excessif / Mais on s’efforce de ressembler à Lionel Messi. J’ai passé mon enfance à caresser la sphère ronde / Toute la journée jusqu’à ce que le chant de la prière gronde. On abandonne alors les maillots qu’on a endossés, / Enfile une djellaba, et on se dirige vers la mosquée. Je me prosterne, entouré de mes frères et sœurs / En l’honneur du Tout-Puissant et de ses actes bienfaiteurs. Je comprends vite que ma religion inspire le rejet / Mais je ne cautionne pas les critiques dont elle fait l’objet. Je me contente d’ignorer les médisants et d’expliquer aux réticents / Que ma foi ne se comprend qu’en lisant. Et je me justifie jusqu’à m’en époumoner / Mais on ne conjure pas la peur à coup de paroles raisonnées. Calfeutrés, leur esprit est trop étroit / Pour comprendre que la plupart de mes amis sont corrects et droits. Je trace ma route, mes émotions je tempère, / Convaincu que mon bonheur viendra d’une attitude exemplaire. Ca m’baratine, la France est-elle ou n’est-elle pas raciste ? / J’me pose pas cette question et m’efforce d’éviter ce paradigme. C’est hard à dire, même de mes amis je me méfie / Car la violence est notre seul moyen de régler les conflits. Je vis désormais au milieu des peurs et des craintes. / Elle semble loin l’époque où la paix m’enlaçait de son étreinte. A 14 ans, on dit que je suis sympa toutefois, / Sympa comme peut l’être un jeune dont on se méfie quelquefois. Ainsi le contenu de mon âme je restitue, / Il risque de heurter le sillage étroit de leurs certitudes. Mon quartier est « un redoutable tsunami » / Quand ils en parlent et tombent d’accord d’une approbation unanime, Car beaucoup nous trouvent vindicatifs, voire antipathiques / Comme des éléments véhéments nous jugent et nous stigmatisent. Une multitude de sensations mon cœur frappent. / Sachez que mon quartier entier exhale des odeurs âpres. A perte de vue, s’étendent des grands blocs. / Pas des statues, ni des colonnes : reflet d’une triste époque. Partisan de la provoc’, ce décor est univoque / Le milieu nous saisit et nous gouverne comme un ventriloque. De cet ensemble se dégage une atmosphère bizarre : / Le ciel promène ses rayons lourds sur les parterres grisâtres. Et, lorsque les nuages s’agitent convulsivement, / Les gouttes s’écroulent comme des balles qui s’abattent sur nos tourments. Malgré cet air suffocant, on devine / Que les sensations mêlées forment un étrange tourbillon de vie. Mais on aspire à des horizons colorés, / Des paysages multicolores que la crasse n’aura pas détériorés, / Des lacs, des montagnes enneigées, des plages et des forêts Eblouissants à explorer, / Que l’amertume à ignorés. A 20 ans, je clame mon innocence d’une virulente voix. / Contraint de me faire respecter, je commets des écarts quelquefois. Sur les passants, mes émotions je déverse, Elles prennent la forme d’une impétueuse averse, Car ils nourrissent à mon égard des avis si horribles / Quand ils me pointent du doigt et m’exposent à leur pilori Dans ce trou de ciment, cette plateforme géante / Où quelques figures scintillent au soleil comme une plaie béante. J’attends le jour où mon cœur ne saign’ra plus. / Les jeux sont faits et je me répète que rien n’va plus. Rien n’va plus / Les jeux sont faits et je me répète que rien n’va plus.

credits

released June 21, 2019

Album enregistré, mixé, masterisé par Sany San beats au studio CV recordz

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about

Yass Sogo Nice, France

A la fois rappeur et professeur de Français, Yass cultive une écriture à la fois réfléchie et percutante. Il puise son inspiration dans la littérature française et tâche de contribuer à l'exploration du rap en le rattachant aux prémices de sa tradition poétique classique. ... more

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